Se promener autour du rocher

de la Dame Jouanne

Le nom du massif de la Dame Jouanne vient probablement de Jeanne de Malicorne « Johanna de Malicornia » qui, au XIIIe siècle, avait des droits sur cette région. Nous sommes ici à la limite de la seigneurie du Chapitre de Notre-Dame de Paris, seigneur de Larchant depuis 1005. Deux chemins, autrefois importants, se croisent à côté de l’auberge actuelle. D’abord l’ancien Grand chemin de Melun, plus récemment connu sous le nom de route de Recloses. C’était aussi la route de Larchant à Fontainebleau.
Au XIXe siècle, les vignerons l’empruntaient jusqu’à leurs vignes plantées sur les hauteurs, vers le nord-ouest : on appelait donc aussi la route, le chemin des vignes. L’autre chemin est celui de la Chapelle-la-Reine à Nemours qui, sous le nom de « chemin des Vallées » part de l’extrémité du bourg jusqu’à la route de Larchant à Nemours, après Bailly. Sur l’ancien chemin de Melun, mais à un endroit précis inconnu, était, jusqu’au XVIIIe siècle, situé l’échafaud de Larchant, à la fois symbole de l’autorité seigneuriale et lieu des exécutions.
Au carrefour des deux chemins, le « bois des Larrons » et, sur la hauteur à droite du rocher de la Dame Jouanne, la « grotte aux voleurs », rappellent que cet endroit était, au moins à une certaine époque, plutôt mal fréquenté.
L’auberge ne date que de la dernière guerre. Avant, il n’y avait rien dans cet endroit alors désert. Peu d’années avant 1939, le boulanger de Larchant avait fait construire une petite cabane où les jeunes de Larchant allaient à bicyclette acheter, le dimanche, des canettes de bière ou de limonade. En prenant l’auberge comme point de repère, on peut suivre au moins trois itinéraires.

(1) Jusqu’au Grand Fossé. En nous éloignant de la route, en direction de Nemours sur environ 900 mètres et en marchant dans les bois à notre droite sur une centaine de mètres, nous arrivons à une borne en grès assez visible au-dessus du sol. Cette borne est la limite de la seigneurie de Larchant. Le Marais à cet endroit, n’est pas loin. La borne en grès porte les armes de Larchant, qui forment un « B » majuscule, mais avec ses boucles alternées. Ce dessin représente les ceps avec lesquels on entravait les prisonniers et, surtout à Larchant, les fous et les possédés qui étaient traités de la même façon que les malfaiteurs. Chaque boucle maintenait une jambe et une tige, qui était rivée aux deux bouts, reliait les deux boucles. En reprenant le chemin, toujours en direction de Nemours, on arrive au Grand Fossé, toujours sec, qui est le souvenir d’anciennes tentatives d’assèchement du marais de Larchant. Ce fossé, d’environ 1800 mètres, avait été creusé au XVIIIe siècle en suivant le thalweg vers le Loing (à Grez), mais la présence d’un seuil plus haut sur le trajet ne permit pas de mener à bien le projet.

(2) Tour du massif de la Dame Jouanne. Il faut marcher environ 850 m en suivant le nouveau GR13 au bas des rochers et en s’éloignant de la route. Si on ne perd pas de vue les rochers, sans être obligé de les escalader, on arrive à un grand escalier de bois, construit pour limiter l’érosion du massif. A droite, vers le haut de la première partie de l’escalier, au pied de la falaise de rochers, on remarque des grottes aménagées en habitations. Elles ont dû servir à des carriers qui ont travaillé dans le secteur, à des carrières de grès. En suivant l’escalier, on arrive sur le plateau, d’où l’on peut avoir de beaux points de vue sur le village de Larchant, la vallée et le marais, depuis le bord du plateau. Juste sous le sol rocheux du plateau se trouve la « grotte aux voleurs », qui a souffert du vandalisme. Cette grotte possède deux issues et contient des gravures et des graffitis anciens, malheureusement recouverts d’une couche de charbon. Du plateau, en certains endroits, on peut apercevoir le rocher de la Dame Jouanne, le plus célèbre du massif de Fontainebleau. Il mesure environ 15 m de haut et son faîte est à une trentaine de mètres au-dessus de l’auberge. Ce rocher était autrefois largement visible d’en bas, mais il est maintenant caché par les pins qui recouvrent la pente depuis le début du XXe siècle.

(3) Les fontaines. A partir de l’auberge, cette fois en direction de la Chapelle-la-Reine, on arrive en 800 m à une mare dans un tournant. C’est la fontaine du Marchais que l’on considérait autrefois comme intarissable et qui était beaucoup plus étendue. L’Association Culturelle, avec l’aide de bénévoles, l’a nettoyée récemment et remise en état. Avant d’y parvenir, si l’on prend dans le tournant un petit sentier à peine marqué sur la gauche, on arrive très vite à la fontaine Saint-Bernard, entre deux rochers. Cette fontaine est peu spectaculaire mais elle est une des curiosités de Larchant. On l’appelle encore « fontaine des Petits Pots », parce qu’au niveau du sol sont creusées des cupules parfaitement rondes et polies. Leur diamètre est de 0,15 et 0,20 m et leur profondeur d’environ 5 cm. Elles sont reliées par de petites rigoles. L’ensemble recueille l’eau qui sort de dessous la roche. Celle-ci portait une croix de fer qui a disparu et qui a été remplacée récemment et une inscription.

D’après Marc Verdier, Bulletin de l’Association Culturelle