La tour-clocher
Le plan primitif ne comprenait pas de tour ni de clocher. Le maître d’œuvre avait simplement prévu un campanile de charpente sur la croisée du transept.
Très rapidement, et sans doute avant que ce plan ne fut réalisé, dans la première moitié du XIVe siècle, on décida de construire la tour. Les murs de la nef étaient déjà élevés et on condamna les fenêtres des travées de la nef voisines de la tour et on construit à l’angle sud-est un solide contrefort aujourd’hui encastré dans le mur de séparation. Pour rendre cette disposition un peu moins lourde, une étroite porte fut pratiquée dans la base du contrefort. A l’angle sud-ouest, le mur fut simplement renforcé par un gros pilier mouluré, plaqué sur lui, comme en témoignent les colonnettes dégagées par sa chute. C’est en effet ce pilier qui, en cédant, provoqua l’effondrement de la tour, en 1675.
Le rez-de-chaussée de la tour est un porche ouvert sur trois côtés. Il est formé d’énormes piliers dont les faces internes sont ornées de groupes de colonnettes supportant les archivoltes des ouvertures et les arcs de la voûte aujourd’hui disparue.
Au-dessus, s’élèvent les trois étages de la tour. Les deux façades du nord et de l’est sont intactes, celle de l’ouest est ruinée, celle du sud s’est complètement effondrée en 1675. Le premier étage est éclairé par une seule baie ornée de deux archivoltes à boudin reposant sur des colonnettes avec chapiteaux à feuillages.
Le deuxième étage est décoré de trois fenêtres en arcature. Seule celle du milieu est ouverte, les deux autres ne sont que de fausses baies. Elles sont décorées d’archivoltes. Des pinacles chargent les colonnettes qui portent l’archivolte externe. Le deuxième étage se termine par une petite, arcature trilobée. Sur la façade nord, on voit, sous cette arcature, une pierre portant sculpté l’écu de France entouré du collier de l’ordre de Saint-Michel composé de coquilles Saint-Jacques reliées par des lacs. Cet ordre a été institué en 1468, mais la pierre a dû être encastrée après coup lorsque fut achevée la tour, au XVe siècle.
Contrastant avec les deux premiers étages, le dernier étage présente toute la luxuriance du gothique finissant. Il est presque aussi élevé, que les deux premiers étages ensemble. Au-dessus d’une galerie ajourée servant de passage, deux grandes fenêtres décorent chaque face. Leur base est ornée d’une balustrade aveugle aux motifs flamboyants. Leur sommet est découpé en trèfle et elles sont couronnées d’archivoltes à moulures prismatiques. A l’extérieur de ces archivoltes, des contrecourbes terminent les, fenêtres qu’encadrent des niches de statues, vides actuellement.
La tour a, au total, 50 mètres de hauteur, Le rez-de-chaussée mesure environ onze mètres, le premier étage huit mètres, le deuxième onze mètres et le troisième vingt mètres.
Marc Verdier