Nicolas Deleau, chirurgien militaire

 La famille Deleau a laissé son empreinte à Larchant, bien que leur séjour dans ce village se soit étendu sur à peine 40 ans, des années 1840 à 1881. Cette famille était originaire de Lorraine.

Nicolas Deleau avait acquis au début des années 1840 la propriété du Marais par adjudication d’un certain Campbell, qui, peut-être, l’avait lui-même acquise de Laleu et Mayer, ceux qui, en février 1827 avait acheté 6 666 F la nef ruinée de l’église pour en faire une carrière de pierres.

En 1840, Nicolas était déjà un personnage important de son époque. Il avait été chirurgien sous-aide sous l’Empire. Il était docteur en médecine et chevalier de la légion d’honneur. Il s’intéressa très tôt aux thérapeutiques de l’oreille. Après 4 années de médecine civile, il aborda le traitement de la surdité. Il fit comme chirurgien les dernières guerres du Premier Empire.

Nicolas Deleau avait épousé en janvier 1820 Béatrix Victoire Sauce, qui était la fille de Jean-Baptiste Sauce, épicier-chandelier et procureur-syndic de Varennes qui avait accueilli la famille royale lors de son escapade du 21 juin 1792. Ce Jean-Baptiste Sauce perdit sa charge lorsqu’on apprit que Louis XVI lui avait envoyé 20 000 livres pour le remercier.

Lorsqu’il acheta la propriété du Marais, Nicolas Deleau, tout en continuant ses activités médicales, se prit d’intérêt pour l’agriculture et l’aménagement de son domaine. Comme tous ceux qui l’avaient précédé depuis le Moyen Age, il s’essaya à tenter d’assécher le marais pour en faire des prairies verdoyantes, en améliorant la qualité des terres. Il publia quelques mémoires en ce sens, dont un chapitre intitulé « Mémoire sur la culture des prairies élevées ». Il y décrit l’enrichissement des marnières de son terrain avec des cadavres de chevaux, pour terreauter son terrain, ce qui n’était pas sans gêner les populations riveraines : « Sous le prétexte de l’odeur que répandaient mes cadavres, les habitants du village me firent la guerre », ajoute-t-il. Sa méthode était, il est vrai, très barbare.

Nicolas Deleau mourut à Larchant le 30 novembre 1962, d’un anthrax à l’épaule. Son corps fut transféré à Paris, où il fut enterré au cimetière de Montmartre.

Son fils cadet, Léon Deleau, notable de Larchant, en devint maire le 9 décembre 1866, dans une période fort troublée, puisque les conseillers municipaux s’étaient rebellés contre la main-mise de l’Etat, par l’intermédiaire des préfets, sur la nomination des maires et sur les autorisations de tenir les conseils municipaux. installés seulement le 22 mai 1871. C’est sous le mandat de Nicolas Deleau que fut décidée et réalisée la restauration urgente de l’église en 1869-70.

Sa fille et lui moururent à 24 heurs d’intervalle. Sa mort laissait sa veuve, âgée de 37 ans, avec 3 enfants en bas âge. La propriété du Marais, la « propriété-des-prairies-de-Larchant » comme l’appelait la famille Deleau, fut vendue par adjudication le 14 décembre 1881 pour 136 000 F, quelques mois après la vente de l’autre propriété familiale, le château de Villeneuve-les-Bordes (la « Grand’Maison »). La famille Deleau quitta définitivement Larchant.

M.L.