Aller retour Village en passant par Grotte et Fontaine

Cette visite sur les lieux témoignages du passé de Larchant peut s’opérer selon huit étapes……

Nous débutons notre circuit par la rue de l’Eglise (1). Cette rue était l’une des artères principales de Larchant au Moyen Âge, car elle menait au porche principal de l’église, celui du « Jugement Dernier ». Cette rue était anciennement dénommée « rue du Pont », car elle se prolongeait par notre actuelle rue de Chouard et la porte de Chouard où se situait un pont sur les fossés. C’était d’ailleurs, vu la configuration du terrain, le seul endroit des fossés où l’eau pouvait se maintenir. La rue du Pont était une rue commerçante très animée au Moyen Âge, lorsque la foule des pèlerins affluait sur le tombeau de saint Mathurin. C’était la rue des artisans et des marchands et l’on connaît de nombreuses enseignes qui subsistaient encore au XVIIe et XVIIIe siècles.

Au coin de la rue, à gauche en regardant l’église, on voit deux vieilles maisons à étage en encorbellement, qui étaient sans doute « l’Image Saint Etienne «  et l’Image Saint Jacques ». En face se situe l’ancienne maison de « l’Homme Sauvage », où l’on trouva, à la fin du XIXe siècle, au fond d’un puits, de nombreux instruments de musique en terre et en verre, qui étaient vendus comme souvenirs du pèlerinage. Plus loin dans la rue, une maison portant une inscription de 1792, occupe l’emplacement de l’ancienne halle. Au bout de la rue, au croisement avec la rue de la Libération, se situait une large pierre sur laquelle le crieur public montait pour annoncer les nouvelles. Les auditeurs restaient sur place pour discuter, c’est pourquoi cet endroit était nommé « le Coin Musard ».

En traversant la rue de la Libération, on suit la rue de Chouard (2). Cette rue, menant actuellement aux rochers de la Dame Jeanne, était autrefois la route de Recloses et, plus anciennement encore, la route de Fontainebleau et le Grand Chemin de Melun. Par-delà Melun, on était en communication avec le nord du département, dont l’abbaye Notre-Dame de Jouarre. Une des explications au nom de « Chouard » serait une déformation à partir du nom de « Jouarre » car, par cette route, venaient probablement des pèlerins en provenance de cette ville. Cette route était aussi le principal chemin des vignes qui étaient très développées à Larchant au XIXe siècle, notamment au lieu-dit « le Moulin à Vent ». A plusieurs reprises, les vignerons se plaignirent du mauvais état de cette route.

A gauche de la rue, occupant une partie de l’angle avec la ruelle du Four, se trouvait l’ancienne aubeerge de « l’Ecu de France ». Sa porte de pierre, maintenant dissimulée sous un enduit, se voyait encore à la fin du XIXe siècle. Dans l’angle opposé se situait l’ancien four banal.

En prenant la route de la Dame Jeanne, nous nous arrêtons aux « Trois Croix » (3). Cet édifice fut un calvaire dont il ne subsiste aujourd’hui que le socle et une des croix de fer installées au XVIIIe siècle. Les Trois Croix étaient une étape importante lors du pèlerinage de saint Mathurin, le « Tour de la Châsse », qui avait lieu le mardi après la saint Barnabé. La foule des pèlerins, de l’aube au coucher du soleil, parcourait un large itinéraire dans les villages des environs (Chevrainvilliers, Verteau, Guercheville, Garentreville, Burcy, Fromont, Rumont, Amponville, Jacqueville, la Chapelle-la-Reine, Bessonville, Busseau). Au retour, le cortège se remettait en ordre aux Troix Croix avant de revenir à l’église.

Sur le côté droit de la route, en direction du Marais, se situe sans doute le lieu du Larchant gallo-romain, car de nombreux vestiges épars y ont été retrouvés : fragments de tuiles romaines, poteries… Certains ont émis l’hypothèse d’un culte des eaux à cet endroit, un peu l’analogue de ce qui est connu à Sceaux du Gâtinais. Mais cette hypothèse reste à confirmer. Toutefois, une des principales voies du Moyen Âge, dite « le Grand Chemin de Lyon » reliait Larchant à Sceaux du Gâtinais.

Un peu plus loin sur la route de Dame Jeanne, après l’entrée du chemin vers « l’Eléphant », se situe l’ancien lavoir (4). Ce lavoir date de 1896. Il a été construit en un point bas du village, ce qui a facilité son alimentation en eau à partir d’un puits creusé qui alimentait 11 petits bassins par une pompe. Il faut imaginer nos grands-mères et arrières grand-mères venant y laver leur linge sur leurs brouettes. Mais, en définitive, ce lavoir n’a été en fonction qu’un peu plus de dix ans, puisque l’eau courante a été installée dans le village en 1907. Non loin de là se situe le Marais de Larchant, classé Réserve Naturelle Régionale. Ce marais doit son existence à un fond imperméable. Il s’agit de la résurgence de la nappe de Beauce.

En prenant le chemin de Blomont vers « l’Eléphant », on arrive à la « Grotte à la peinture » (5), signalée dès 1959. Elle doit son nom à une peinture schématique de couleur ocre, vraisemblablement laissée par des traces de doigts, sur la partie centrale du plafond de la grotte. Cette grotte fut étudiée en détail par Jacques Hinout et son équipe en 1981. La fouille permit de recueillir de très nombreux vestiges et une datation de plusieurs couches superposées, du mésolithique moyen, jusqu’à l’époque gallo-romaine et le Moyen Âge, en passant par le néolithique et l’âge des métaux. Les fouilles ont également révélé la faune et la flore qui étaient présentes à ces diverses époques autour de Larchant (ossements de loups, de cervisés, de sangliers…). Cette grotte contitue le témoignage d’une occupation humaine pratiquement constante sur le site de Larchant depuis environ moins 8 000 ans, jusqu’à nos jours. Pour éviter des dégradations, les fouilles ont été rebouchées et les pièces retirées des niveaux peuvent se visiter au Musée de Préhistoire de Nemours.

Mais on peut voir, sur les parois de la grotte, de nombreuses gravures : triple enceinte, représentation en forme de soleil, grilles… Ces gravures se rerouvent dans de nombreuses grottes des alentours du « golfe » de Larchant. Bien qu’il soit très difficile de dater ces gravures, il semblerait que certains signes datent du sauveterrien, au mésolitihique et d’autres gravures dateraient elles du bronze final (environ moins 3 000 ans).

En prenant le chemin du Larry-St-Marc qui part de la Porte de Paris en direction de la pente du massif de la Roche au Diable, on arrive à la Fontaine St-Mathurin (6). L’emplacement de cette fontaine remonte sans doute aux origines du village de Larchant et certains y font référence à un culte celtique. Il s’agit d’une source antique dédiée à un dieu guérisseur. Elle a la forme d’un petit bassin, dont une roche forme le fond, alimenté par les eaux de ruissellement à faible profondeur. Cette source était plus abondante autrefois, lorsque la fontaine était située au milieu d’une lande, avant que les pins qui l’entourent ne soient plantés au XIXe siècle. Le petit édicule de pierres qui recouvre la Fontaine a été reconstruit à plusieurs reprises au cours des siècles. Celui que nous voyons date d’une centaine d’années. Un pèlerinage à la Fontaine a lieu tous les ans à la Pentecôte. Mais les textes anciens ne font aucune référence à la Fontaine St-Mathurin. Cette fontaine est le témoignage d’une permanence du sacré à Larchant, depuis les premiers âges.

En revenant sur Larchant, par le chemin du Larry St-Marc, nous rencontrons la « Croix Bardin » (7), un vestige des nombreuses croix qui balisaient les routes menant au village. Cette croix a beaucoup soufferte des vandales et a été reconsrtruite et consolidée à plusieurs reprises. Elle signale maintenant le chemin de la Fontaine St-Mathurin. De cet endroit, on peut voir l’antique ferme du Chapitre qui domine Larchant. Cette ferme appartenait au Chapitre de Notre-Dame de Paris, qui fut seigneur de Larchant depuis l’an mil jusqu’à la Révolution. On y entreposait la part des récoltes (le dixième) qui revenait au seigneur. Le grand bâtiment que l’on distingue, avec des pierres appareillées, est la « grange dimière ». On voit aussi, sur la gauche, un très beau pigeonnier. La ferme fut incendiée en 1568, en même temps que le reste du village et son église. Son aspect actuel lui vient des travaux effectués après cet incendie et des réparations importantes entreprises en 1761.

De retour dans le village, au carrefour des « Trois Rois » (8), on peut voir l’une des maisons anciennes la plus intéressante et la mieux conservée du village : l’ancienne auberge des Trois Rois, avec sa façade datée du XVe siècle. Le 22 septembre 1598, « l’hôte » des Trois Rois, un certain Jehan Garnier, dit Desforges, fut le parrain d’une des cloches de l’église, nommée Mathurine. Sur ce carrefour il y avait également d’autres enseignes : « l’Image Saint Nicolas », « la Fontaine » ou « le Paradis ».

D’après le Bulletin de l’Association Culturelle n°17