L’histoire connue remonte au XIe siècle

Elle commence lorsque le Chapitre de Notre-Dame de Paris devient le « seigneur » de Larchant, par le don fait par son évêque, Renaud de Vendôme en l’an 1005.

Depuis cette date, le marais a été l’une des préoccupations principales des chanoines. Tout d’abord pour obtenir la confirmation de leurs droits sur ce territoire. Ensuite, pour défendre leur droit de pêche contre les intrusions diverses des habitants des environs. Ce qui signifie que l’endroit était poissonneux et convoité.

De nombreux procès ont lieu. En 1276 contre Michel dit Vittout et Pierre de Buissan, en 1277 contre Etienne dit Lepage. Le marais produisait aussi des roseaux utilisés pour les couvertures des maisons du village. Là aussi, le Chapitre se montrait soucieux de ses droits et les autorisations de prélèvement étaient dûment encadrées.

L’histoire du marais est échelonnée de tentatives pour l’entretenir, l’assécher et conquérir ainsi de nouvelles terres cultivables. A cette époque, le marais était beaucoup plus étendu que de nos jours : sans doute plus de 300 ha. Dès juin 1389, nous avons trace d’un marché passé entre le Doyen et les chanoines de Notre-Dame et les pionniers Colin Garmer et Robin Larmite pour revêtir et réparer les fossés et chaussées du marais de Larchant. Ensuite, l’histoire a retenu les noms de Jehan Jourdan (en août 1583), de Jérôme de Coomans (en juillet 1611), de Marc de Coomans et Pierre de La Planche (en 1612), de Pierre de Serres (en avril 1634).

En 1656, le sieur de Montalais s’associa à Pierre de Perrien, marquis de Crenan en Bretagne, pour dessécher le marais en ouvrant des tranchées, fossés et canaux pour écouler les eaux dans la rivière du Loing. Un canal, dit « la rivière sèche » fut creusé. Mais le seuil à franchir fut trop élevé et le projet n’aboutit pas. Ces diverses tentatives furent plus ou moins heureuses. C’est-à-dire que leur succès éventuel ne perdurait que quelques années. Des procès entre les entrepreneurs et le Chapitre émaillent ainsi l’histoire du marais.

La Révolution française ouvrit un nouveau chapitre de l’histoire du marais. Dans le cahier de doléances qu’ils rédigèrent en 1789, les habitants se plaignirent du marais qu’ils décrivent comme un lieu « beaucoup plus onéreux que profitable », qui occasionnerait des « maladies épidémiques comme fièvre putride », bien que les textes ne mentionnent pas spécifiquement de tels maux. Pourtant, ces mêmes habitants s’opposèrent farouchement à la vente du marais comme bien national en décembre 1792. A la suite d’une longue procédure, la vente du marais n’eut lieu qu’en 1820, à un certain Louis François Sanson, de Nemours.

M.L.

Le marais aujourd’hui

http://maraisdelarchant.fr/

Le marais de Larchant se situe à l’extrémité sud du massif forestier de Fontainebleau au sud-ouest du département de Seine-et-Marne, en limite ouest de la forêt domaniale de la Commanderie, à 8 km environ de la ville de Nemours.

Le marais (123 ha) s’étend au fond d’un « golfe » délimité à l’ouest par une côte escarpée (cuesta) descendant du plateau du Gâtinais, extrémité orientale de la grande plaine de Beauce, et ouvert à l’est sur la rivière du Loing, dont un méandre l’a probablement façonné autrefois. Le marais est directement bordé à l’ouest par les parcelles maraîchères du village de Larchant, et partout ailleurs, il est cerné par la forêt domaniale de la Commanderie. Au nord-est, les célèbres amoncellements de grès du massif de la Dame Jeanne, de l’Eléphant, de la Justice.

Du haut de la Ferme du Chapitre, la vue embrasse 60 m plus bas l’ensemble de la commune de Larchant : au premier plan, le village au plan typiquement médiéval surmonté par l’impressionnant clocher de l’église Saint-Mathurin, à l’arrière-plan, le marais, enserré dans la forêt.

Le marais occupe une dépression dont le fond varie de 61 à 66 m, barré à l’aval par un seuil de 82 m de sable et d’argiles qui le sépare du Loing. A l’est, une gouttière naturelle à 70 m, probablement l’émissaire d’un « lac de Larchant », dans laquelle un canal fut creusé au XVIIe siècle, la « rivière sèche », pour évacuer les eaux vers le Loing. Mais son seuil à 68 m est trop haut pour être l’exutoire d’un marais dont le plus haut niveau historique n’a pas dépassé 66 à 66,5 m.