Le portail du Jugement Dernier

Ce portail du jugement dernier présente avec plusieurs portails de Notre-Dame de Paris, certaines analogies. Il date du XIIIe siècle. Au centre du tympan, se voit le Christ en majesté. Sa tête, assez bien conservée, est entourée d’un nimbe crucifère. A la partie supérieure, au-dessus du Christ, quatre anges balancent des encensoirs. L’un d’eux, tout en haut à gauche, tient le soleil. Un autre, tout en haut à droite, tient la lune. Au niveau du trône du Christ, deux anges portent les attributs de la Passion, la lance, la couronne d’épines et les clous. A côté de ces anges, deux personnages agenouillés et nimbés sont, à gauche, la Vierge, tête couronnée, et à droite saint Jean, tête découverte et pieds nus.

En dessous, se voit la Résurrection : les morts sortent de leur tombeau. Cette sculpture est elle-même une restauration d’une restauration. Elle a remplacé, dans les années 1980, un ensemble très dégradé et qui ne semble pas avoir été d’une facture remarquable, daté du XVIe siècle. Le tympan est encadré de voussures. Dans la première se voient, de chaque côté de la Résurrection des morts, des anges sonnant de la trompette et, au-dessus, des anges portant des couronnes.

La deuxième voussure, séparée de la première par un cordon de feuillages, présente, à droite, en deux étages, une scène de l’enfer. Des damnés sont précipités dans un chaudron placé sur un feu qu’attise un démon avec un soufflet. Au-dessus est un personnage coiffé d’une mitre dans lequel on peut reconnaître le grand prêtre Aaron, portant une verge fleurie et, sur la poitrine, un rational, plaque ornée de pierres précieuses qui était un ornement liturgique des, grands prêtres juifs.

A gauche, dans la deuxième voussure, on voit, à partir du bas, Abraham portant les âmes des justes, au-dessus, saint Jean- Baptiste avec l’agneau puis Moïse portant les tables de la loi.

Sur les piédroits du portail furent placées, de chaque côté, trois grandes statues qui furent toutes décapitées, en 1567-1568 probablement, et sont presque méconnaissables. On voit en elles, traditionnellement, sur la partie gauche du portail, saint Jacques avec sa panetière ornée de coquilles et l’épée de son martyre, saint André avec sa croix et saint Pierre avec le livre de ses épîtres. Sur la partie droite, seraient représentés saint Paul avec le livre de ses épîtres et l’épée de son martyre et saint Etienne avec le livre des évangiles et une palme. La dernière statue manque depuis fort longtemps.

Sur l’épaisseur du mur ont été sculptés des petits bas-reliefs qui sont très détériorés et représentent les travaux des mois. On distingue encore à gauche, de bas en haut, janvier un homme à table, février un homme devant sa cheminée, mars un vigneron taillant sa vigne. A droite, de haut en bas, octobre un semeur, novembre la récolte des glands, décembre un paysan tuant son porc. Lors des restaurations faites après 1490, la moitié des bas- reliefs des occupations des mois fut supprimée pour permettre de placer deux arcs en plein cintre dans le style de la Renaissance, et le trumeau primitif fut remplacé par un pilier carré portant une niche avec dais et console. Sur la clef de l’arc de droite la date de 1555 est sans doute celle de l’achèvement de ces travaux.

Marc Verdier

Une étude universitaire sur le portail du Jugement Dernier

L’église Saint-Mathurin de Larchant a fait l’objet d’un mémoire qui portait, dans un premier temps, sur l’état des recherches effectuées sur l’église de Larchant. Ce mémoire a mis en évidence le faible nombre d’études publiées, relativement à l’importance de cet édifice pour l’art gothique en Île-de-France.

Les études architecturales du chœur et de la chapelle de la Vierge avaient été réalisées par Jacques Henriet dans deux articles publiés en 19731 et 19782, d’après son mémoire de maîtrise soutenu à l’université de Paris IV. Cet auteur avait notamment vérifié les hypothèses concernant les relations entre Saint-Mathurin-de-Larchant et Notre-Dame-de-Paris.

Une recherche préliminaire a révélé le manque de données sur le bâti du monument et notamment l’absence d’une étude précise du portail du Jugement Dernier. Cette deuxième année d’étude va donc s’orienter vers l’examen du portail du Jugement Dernier d’un point de vue archéologique, afin de comprendre sa réalisation, en tant que réduction du portail du Jugement Dernier de Notre-Dame, déterminer les restaurations et modifications subies à la suite de l’incendie de 1490 et décrire avec précision les statues qui le composent. Ces recherches vont conduire à la réalisation de relevés archéologiques de ce portail courant 2012.