La commanderie de Beauvais

A la fin du XIIe siècle, une commanderie de Templiers était établie à Beauvais, autrefois Beauvoir, près de Grez-sur-Loing et de Nemours. On n’en connaît pas la date de fondation, mais, dès 1184, Philippe Auguste partageait le pâturage qui en dépendait entre les habitants de Grez pour un tiers et la Commanderie pour deux tiers. Au terme de son histoire, le chef-lieu de la Commanderie était représenté par un ensemble de bâtiments s’ouvrant sur le chemin de Larchant, comprenant le logis seigneurial où résidait jusqu’au XVIIIe siècle le commandeur, et diverses constructions plus une chapelle dédiée à saint Eloi, où étaient enterrés plusieurs commandeurs, parmi lesquels Nicolas Durand de Villegagnon, décédé en 1571. Ce Villegagnon est resté célèbre comme voyageur pour avoir essayé de fonder une petite colonie française sur une île de la baie de Rio de Janiero, qui n’eut d’ailleurs qu’une courte existence. La commanderie de Beauvais comprenait également une ferme, avec 97 arpents de bois, des prés et 180 arpents de terre, soit au total 300 arpents (300 ha), ainsi que 340 ha environ de bruyère et de friche. C’était un vaste pâturage ouvert en partie à la vaine pâturage. Cet espace est maintenant partie de la forêt dénommée maintenant « forêt domaniale de la Commanderie ».

En dehors de ce chef-lieu, la Commanderie était seigneur de trois fiefs sur le territoire de Larchant. C’était d’abord Blomont, acquis en 1264 de Pierre de Beaumont, moyennant 2 440 livres. La Commanderie y possédait une ferme de 112 arpents de terre. Depuis 1246, la Commanderie possédait un deuxième fief à Bonnevault, avec une ferme de 200 arpents de terre et un troisième fief, la ferme des Coudres, avec 202 arpents de terre, achetée en 1280 à Jean de la Coudre, bourgeois d’Yèvre-le-Chatel.

La guerre de Cent Ans causa de graves préjudices aux maisons et aux terres de la Commanderie. Certaines ruines ne furent jamais relevées. Aujourd’hui le chef-lieu de la Commanderie a complètement disparu. Les pierres des bâtiments qui étaient encore intacts à la Révolution ont, dit-on, servi à construire des maisons à Grez et à Saint-Pierre. Un grand taillis en occupe l’emplacement. Il ne reste que quelques parties de murs de clôture et une cave médiévale récemment restaurée.

 

D’après Marc Verdier, tiré-à-part